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Citoyen du monde en voyage
25 juillet 2008

Jeudi 3 N’ayant plus la moto à compter de demain

Jeudi 3

N’ayant plus la moto à compter de demain soir, le programme de la journée ne se demande pas ! Direction Ramena pour notre dernière journée plage de Mada. Hélas je n’aurais pas l’occasion de nager ailleurs, à moins qu’ils aient nettoyé le lac de Tana lol, il me serait tout aussi délicat de nager avec les requins de Tamatave et ses eaux froides. Donc nous lézarderons au maximum pour avoir un semblant de bronzage le 19 à

la Réunion

, juste pour énerver un peu ceux qui travaillent régulièrement. La journée se passera dans une oisiveté sans limite. Seule activité, se retourner toutes les 20 minutes afin de rôtir dans l’uniformité lol. Ensuite retour Mora mora (tranquillement, doucement pour ceux qui n’auraient pas suivi ! Y’en a marre de tous ceux qui ne suivent pas lol) sur Diégo avec, au passage quelques photos sur la baie des français et son pain de sucre. Puis détour sur un des quartiers qui m’avait encore échappé dans une baie en dessous de notre studio, comme quoi, pourquoi nous efforçons-nous toujours à chercher si loin ce qui est à portée. La petite baie fort sympathique a due être laissée à l’abandon depuis que les abattoirs s’y sont installés. Mais la visite est à conseiller, non pas pour la douche collective dans le plus simple apparat de tous ces jeunes travailleurs (j’en vois qui salivent déjà), mais pour son quartier populaire avec un petit chantier de boutre ce qu’il y a de plus  artisanal. Ce soir, comme pour avoir un avant goût du retour, spaghetti bolognaise, à la viande de zébu c’est super dans mon resto préféré. Hélas, comme pour nous donner aucun regret, le service sera h.i.é. (prononcer lettre par lettre pour ceux qui auraient 37,2 de QI et non de température anale).

Vendredi 4

Le ciel de Diégo porte déjà le deuil de notre départ, maussade comme l’on déteste. Décidément après le service d’hier voila le temps d’aujourd’hui qui s’y met. Diégo je garderais de toi une superbe image malgré tout. Trop froid pour la moto nous arpenterons une dernière fois la ville de long en large, sans oublier les travers, tel le gourmand insatiable qui lécherait son assiette pour n’en rien laisser. Ne sachant exactement à quelle heure arrivera Julien nous attendrons un peu pour dîner. Mais l’heure passant après lui avoir téléphoné, j’apprendrais qu’il est encore à plus de cent bornes d’ici, 21h trop tard pour l’attendre plus encore. Les dépenses et

la Mastercard

non acceptée, encore dans les guichets, nous forcerons à faire de substantielles économies en mangeant sur les bancs d’une petite gargote. Au menu brochettes, manioc et beignets bananes. Ce ne sera qu’à 23h30 que mon Julien me téléphonera pour m’informer qu’il était devant le grand hôtel. M’étant déjà allongé, à moitié dans les bras de Morphée, j’enfile mon blouson et pars le chercher. Là, il m’apprendra qu’il a du finir en auto-stop car le taxi brousse est en panne à plusieurs dizaines de kilomètres d’ici. Etant parti la veille à 17h et n’ayant pas mangé ce soir, nous déposons ses affaires et repartons pour un petit encas. Mais il n’y a pas de  bonne compagnie qui ne se laisse, je me lève dans 3heures pour une longue route donc bonne nuit (du moins ce qu’il en reste).

Samedi 5

La tête dans le c…je me lève, je n’aurais même pas le temps de boire un café que Yach me téléphone, nous ne serons que trois chauffeurs pour deux voitures, donc il m’attend déjà en bas pour m’emmener chercher la clio. Dur, la journée qui s’annonce risque d’être  très dure, plus de milles kilomètres à suivre quelqu’un dont j’ignore la conduite, sans être maître des pauses ou repas, mais ce sera toujours plus aisé qu’en moto, n’en faisons pas une tragédie ! Et bien si, on pourrait en faire un vaudeville même. Les cents premiers kilomètres nous aurons pris plus de temps qu’il n’en faut, au passage sur un pont, comme beaucoup ici, un léger dénivelé de quelques centimètres avec un bord d’attaque à angle droit suffit a marquer de la même empreinte la jante « ploc ploc ploc », crevé ! Bien sur, à la cache malgache on est parti sur des routes (lol) douteuses faire des centaines de kilomètres et pas de roue de secours, Yek, bravo Yach quelle carence ! Résultat, une demie heure à attendre le passage d’une voiture, pour une clé de 17 et trois heures à sécher au bord de la route pour aller réparer cela dans la ville la plus proche. Les cents autres kilomètres n’étaient pas source d’intérêts, les ayant déjà parcourus dans l’autre sens. Seuls les kilomètres entre Ambania et Anbondromany justifierons ou non le fait d’avoir mis la moto sur le bateau de Mahajanga à Nosy Bé. Oh que oui cela valait  au moins 25 fois la peine, une raison par kilomètre de piste pitoyable à mi-parcours. En plus de l’état, le revêtement en terre sèche poussiéreuse à souhait nous laissait voir à

5 mètres

maximum. La traversant en pleine nuit (déjà) due à la crevaison, cela finira de m’achever, Yach aussi, donc l’autre chauffeur le remplacera sur les prochains kilomètres, catastrophe routière en puissance ! Le petit du haut de ses vingt ans et 1m50 à vraiment des problèmes à piloter un gros 4*4. Un coup a fond les bielles, un coup à 30K/H. Chaque virage sera source d’énervement, avec ses trois feux de stop il ne cessera de m’éblouir avant pendant et après ceux-ci! Chaque croisement avec le moindre véhicule sera à l’identique. Ce calvaire durera plus de

400 kilomètres

et comme ce dernier est très fatigué, Yach le remplacera, me laissant ainsi faire la totalité des

1123 kilomètres

entre Diégo et Tana. Arrivée à l’aube nous irons déposer la belle-sœur puis le frère pour enfin arriver au bas de l’escalier du Lambert à 7h15, je ne suis plus que l’ombre de moi-même, je ne pourrais dire ou j’ai le plus mal tant la douleur m’asphyxie tout le corps telle une anesthésie générale. Vite au lit.

Dimanche 6

Hormis dormir jusqu’à 14 h, la journée sera consacrée à faire le tour du grand, de l’immense marcher partant de « petite vitesse » à « 67ha » (quartier populaire de Tana). Des kilomètres d’étals allant du cd piraté au soutien-gorge passant par les tomates et concombres de saison. Du neuf, de l’usager voir usé jusqu’à la croûte du cuir vendu au plus offrant. Tout ce que vous chercher et tout ce que vous n’aurez jamais l’usage ce trouve ici. Heureusement les 200000Ar dépensés hier pour le voyage ne m’ont laissé guère de quoi me laisser tenter par des prix les plus attractifs. Je n’ai plus que 60000 sur moi et un retrait avec master met minimum 24h. Il me faudra tenir jusqu’à mardi voir mercredi avec.

Mardi 8

Enfin le retrait est fait, direction la gare des taxi brousse, ti’ness direction Tuléar où il gardera les zébus de ses parents et moi pour Fianarantsoa pour connaître ce fameux train et les paysages qu’il traverse pour aller à Manakara. Bien sur le petit essaiera de me manger à la sauce «  momon lé malade » c’est mignon quand on connaît la chanson lol !! Et moi qui commençais à croire à l’attirance de corps de rêve ou l’altruisme de mon esprit ou que sais-je encore. Non, non seul le voyage l’intéressait et touchant à ça fin il fallait bien me trouver quelques autres intérêts mdr !

Qu’importe, il m’aura permis de rentrer dans des villages qu’un vazaha n’oserait pas, faire de substantielles économies sur les hôtels « gasy » et autres petites gargotes où les menus ne sont qu’en malgache… Ne voulant surtout gagner aucun argent sur sa compagnie, ceux-ci seront investis dans des cahiers, livres, stylos, habits et chaussures pour la rentrée prochaine. De plus, habitant la brousse à 100  kilomètres de Tuléar les médicaments seront plus utiles dans son village que dans la première pseudo ONG locale. Ainsi, repartira t’il lesté d’un deuxième sac avec une banane rejoignant les deux oreilles en guise de ravissement. Bien sur le départ prévu  pour 15h se fera à 17h30 comme d’habitude ici. Ce qui me fera arriver à 1h30 au Mini-croc, l’hôtel de ma dernière tentative pour ce train. Il ne me reste donc que 4h30 à dormir. Qui a dit que je me la coulais douce ? Vivement que je travaille un peu pour me reposer !!! lol.

Mercredi 9

Réveil, une banane comme petit déjeuner, réception pour payer le temps que le gardien aille me chercher un taxi puis direction la gare. Ouf elle est ouverte, donc la vieille dame fonctionne aujourd’hui. 18000Ar en seconde, autant vous dire qu’ils les rentabilisent au maximum, les wagons débordent de sacs corbeilles alimentaire, poules dindons coqs, vélos … Tout ce que l’on peut transporter, pour un voisin, ami ou connaissance afin d’amortir cette dépense, sera entassé dans les compartiments. Excellent pour connaître la population, je suis aux anges. Le voyage dure entre 6 et 8h, d’après certains il serait plus long dans l’autre sens à cause de la côte. Que nenni ! Cela dépend uniquement du temps de chargement et déchargement à chaque arrêt et ceux-ci sont très nombreux. Résultat, nous mettrons 10h et il me faudra attendre la troisième gare pour arriver à sauter sur une place qui se libère car en plus du panorama la jungle est aussi à l’intérieur des compartiments, il me faudra piétiner le sortant pour acquérir sa place en premier, alors qu’une mamie qui la visait aussi a renversé une gamine sur son passage lol. La vie rurale à la dure, la loi du plus fort reste bien intégrée. Nous traverserons des plaines, des forets. Nous roulerons à des vitesses dignes d’un concours d’escargots laissant apprécier à sa juste valeur la richesse de la faune de la côte Est de Mada. La pluviométrie n’a pas d’égale à cette région et la nature explose dans un patchwork de verts luxuriants. Ainsi nous arriverons en fin d’après midi juste le temps de faire un petit tour du village, du moins son littoral et la rue principale. Ne serait-ce que la vue de la mer me réchauffe. N’ayant rien réservé et les structures hôtelières étant à l’image du pays, soit je dors à la belle étoile, polaire (lol) soit je paie une fortune, je m’en remets donc à un pousse-pousse. Ici il n’y a pas de taxi, ils sont donc informés de tout. Après un hôtel, trop cher à mon goût ce dernier insiste sur la catégorie que je recherche, à croire qu’aucun vazaha ne dort dans les hôtels gasy. Enfin il me mène dans un baraquement aux cloisons aussi épaisses qu’un set de table en osier, mais au prix imbattable de 4000Ar (1.6 euro) yek ! La soirée sera vouée à déambuler afin de trouver un rien de sommeil, la fin de mon périple ne m’invite pas à la paresse mais à la soif du encore, encore plus, que n’ai-je encore vu qu’il me faille trouver… Avant de rentrer, un pousse-pousse, à qui je demandais où aller prendre mon taxi brousse demain, m’informe que les compagnies sont encore ouvertes. Ni une ni deux je monte pour m’y rendre afin de savoir les horaires. Départ à 13h, il faut comprendre donc chargement à 13h pour un éventuel départ possible à 16h (lol), je commence à connaître la chanson. Le tarif me sidère, 30000Ar soit presque le même prix que pour aller jusqu’à Tuléar, il est vrai que la surcharge n’est guère possible pour rentabiliser au maximum car la route de montagne pour aller jusqu'à la nationale 7, est parait-il innommable.

Jeudi 10

Inutile de préciser que le réveil fut plus que matinal ! L’épaisseur des cloisons n’ayant d’égal que le silence, nulle ! La fraîcheur et les seaux d’eau en guise de salle de bain me feront sauter la case douche, pour aller prendre mon petit déjeuner au bord du canal. L’endroit est magique, je redécouvre mes premières impressions lors de mon premier voyage au nord de Tamatave, le canal des pangalanes dans sa reposante tranquillité vient caresser la côte et son océan déchaîné. Par endroit, seule une bande de

50 mètres

les sépare et de ce promontoire il y a la force et la sérénité qui se frôle sans jamais se rencontrer. Côté canal des petits villages de pêcheurs se succèdent, j’irais jusqu’au sixième où l’embarcadère me confirme la fin du circuit proposé à des prix pharaoniques en ville. En chemin je passerais devant le cimetière qui m’apportera la confirmation de l’origine des habitants. Sur les trois quart des tombes, les inscriptions sont asiatiques. En pénétrant dans un village, oui grâce à Ti’ness j’ose maintenant, les enfants intrigués viennent me saluer d’un généreux « bonjour vazaha » accompagné d’un large sourire quand je leur répond « salama » « salama tsara » « acouriabé » et autres formules de politesse. Le chemin du retour se fera sous le regard amical de tous ceux que j’aurais croisés deux heures plus tôt. Après cette longue marche paisible et envoûtante je vais me restaurer au « fumoir », comme si la région me priait de revenir, je mangerais divinement bien à un prix défiant toute concurrence : tournedos façon Rossini à 7000Ar (2.8 euro), le foi gras dégouline sur cette pièce de zébu bien arrondi par le raphia qui la cercle, sans parler de la tendresse de cette dernière qui pourrait presque se couper avec la fourchette. Un pur régal! Je comprends que quelques vazaha ont élu domicile dans cette contrée reculée où tout parait paisible aux grondements de l’océan.

Comme prévu le départ se fera bien à 17h, si d’aventure vous venez à Mada, sachez que sur tout les horaires que l’on pourra vous donner il vous faut ajouter au minimum deux à trois pour le départ et une à deux heures pour le trajet et les 9h de trajet donnés seront 10h30 en réel ce qui me fera arriver au Lambert à Tana à 5h du matin.

Vendredi 11.

J-6 durant ces trois prochains jours, ne sachant pas si je reviendrais à Mada, je profite des quelques deniers qui me restent pour m’adonner à mon sport favoris, les emplettes ! Avec un caillou acheté la semaine dernière j’ai fais faire un bracelet malgache revu et corriger par mes soins chez un bijoutier, le résultat me ravi, j’espère qu’il plaira à son bénéficiaire. Puis quelques instruments de musique très exotiques pour décorer l’appartement que j’aimerais plus africain. Enfin des fringues à 4 euro le pantalon, on ne va pas se gêner !

Et comme tout à une fin, après être retourné sur Tamatave qui m’a fait le plaisir de m’accueillir sans la pluie durant les derniers jours, je pris le bateau sur un océan démonté qui me laissa tout le rabe possible au vu de la désertification de la salle à manger. J’avais prix une cabine luxe avec la télé comme si j’avais présumé de l’ennui de la traversée dans la solitude de quelques vazaha ayant laissé leur maîtresse de l’autre côté!

Au revoir ou à jamais Mada, comme il me plait à dire à tous ceux que je rencontre et qui traverse une partie de ma vie. Tu resteras un des plus beau pays que j’ai visité jusqu’alors.

Mais aussi la plus grande putain du vingt et unième siècle.

Malgré tes richesses insoupçonnables, tes ressources inépuisables, ta faune impossible à répertorier dans sa totalité, ta flore méconnue encore pour 70% environ, tu n’arrives pas à nourrir tes  enfants reniés comme de vulgaires bâtards. Oui ils sont de sang différents, oui ils sont d’origines différentes, oui ils avaient constitués 18 ethnies avant de te reconnaître en un seul pays mais pourquoi paient-ils aussi cher leur bévue au point d’être au cinquième rang des peuples les plus pauvres au monde.

Peuple malgache, votre qualité risque fort d’être votre principale erreur fatale. Est-ce votre amabilité naturelle ou l’obédience qui vous fait courber l’échine, je n’aurais pas de réponse car je ne suis nullement habilité à juger ceux qui m’ont aussi bien accueilli.

Il est seulement triste de penser au pétrole (à majangha et à fort dauphin) aux mines de pierres fines ou précieuses du nord et celles d’isaloa, des plantes médicinales volées par des brevets déposés, du mercure, de l’uranium. Mada recèle tout contre des devises étrangères alimentant que quelques nantis. Je pensais que ta couleur rouge était l’éclat de ta pudeur après la déforestation des colons, hors cela n’est que la réaction à ton infamie envers ton peuple.

Mais l’amour et la haine ne sont-elles pas l’harmonie parfaite pour que je revienne ?...

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Commentaires
V
Merci pour ce recit que j'ai pu lire avec delice.<br /> A quand "citoyen du monde en voyage" saison 2 ?
Citoyen du monde en voyage
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